Taikomoji kalbotyra, 15: 47–60 eISSN 2029-8935
https://www.journals.vu.lt/taikomojikalbotyra DOI: https://doi.org/10.15388/Taikalbot.2021.15.5

La construction du sens pour les termes en ostéopathie biodynamique dans la pratique de la traduction

Irina Kalinina
Université Lyon 2 Lumière, Université de Lettonie /
Lumière University Lyon 2, University of Latvia
Irina.kalinina8118@gmail.com

Résumé. Cet article se place à l’interface de la terminologie et de la traductologie afin d’observer des principes de construction du sens pour les termes de l’ostéopathie biodynamique.
Après un aperçu théorique, on effectue un examen approfondi de la terminologie biodynamique sur la base d’un corpus de 210 termes en anglais traduit en français, en italien, en russe et en letton.
La problématique centrale de cette étude consiste à examiner comment le sens des unités terminologiques est construit et à identifier ses composantes mesurables.
En clarifiant le sens des termes à travers leur contexte, on peut par la suite évaluer d’autres facteurs qui contribuent à l’appréciation de ces unités.
Méthodologiquement, nous construisons une définition pour chaque terme en nous fondant sur le contexte. Ensuite, nous étudions la notion de résonance sémantique qui survient pour les unités terminologiques issues de la langue générale.
On voit que, même dans le domaine de néologie où les concepts sont empruntés conjointement aux termes, la résonance peut varier d’une langue à l’autre, accentuant notamment le problème d’équivalence pour la traduction des textes dans ce domaine.
Mots clés: terminologie; sens; traduction; résonance; langue de spécialité

Meaning Construction for Biodynamic Osteopathy Terms in Translation Practice

Abstract. This article belongs to the interface of terminology and translation studies and aims to describe the principles of meaning construction in the translation of field-specific terms in biodynamic osteopathy. The central problem of the study presented in this paper deals with identification and analysis of measurable components of meaning of terminological units. The data for the study comprises a corpus of 210 English terms in the field of biodynamic osteopathy translated into French, Italian, Russian and Latvian. Following the analysis of the meanings of the terms through their contextual uses, it is possible to assess other factors that contribute to the content of these units.
Methodologically, we built a definition for each term based on its context. Next, we investigated the notion of semantic resonance that is relevant for terminological units derived from general language. The study suggests that even in the field of neology where the concepts are borrowed together with the terms, resonance can vary from one language to another, which, as a consequence, highlights the problem of cross-linguistic equivalence in the translation of texts in this field.
Keywords: terminology; meaning; translation; resonance; field-specific language

Copyright © 2021 Irina Kalinina. Published by Vilnius University Press.
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution Licence, which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original author and source are credited.

1. Introduction du sujet

Dans cette étude, on se verra plongé dans des mondes multiples qui se trouvent en constante interaction – celui de la terminologie (en l’occurrence, celle de l’approche biodynamique de l’ostéopathie) et celui de la traductologie, ou plus précisément la pratique de la traduction spécialisée.

L’ostéopathie biodynamique est une approche du traitement des maladies par le toucher – une faculté que le praticien développe consciemment à un très haut degré. L’ostéopathie est une branche de la médecine alternative née aux États-Unis à la fin du 19e siècle et qui est aujourd’hui reconnue pour ses effets bénéfiques et classée parmi les approches approuvées par l’État, enseignées dans les universités (comme l’université de Lettonie). Le contexte terminologique de cette discipline est assez particulier et a une certaine incidence sur la pratique traductionnelle.

L’ostéopathie biodynamique dispose d’une terminologie propre, mais en entamant son étude, on rencontre plusieurs difficultés. Premièrement, les ressources lexicographiques sont absentes – l’approche biodynamique se présente comme une tradition orale où le savoir est davantage véhiculé à travers les mains du praticien qu’à travers les mots. Le peu de textes qui sont disponibles en d’autres langues que l’anglais sont des textes traduits, en d’autres mots fortement influencés par l’anglais. Le fait que la terminologie biodynamique soit entièrement empruntée à l’anglais nous rend la tâche plus facile d’un côté puisqu’on n’a pas à comparer les notions en langue de départ (LD) et en langue d’arrivée (LA), vu que les notions sont empruntées conjointement aux termes, le « principe d’équivalence notionnelle » (Van Campenhoudt 2000 : 133) devrait déjà être observé.

Mais le fait de l’emprunt notionnel ne facilite pas vraiment la tâche du traducteur dans le contexte que nous étudions. Pour lui ou elle, une autre question se pose : comment accède-t-on à ce concept nébuleux, transféré d’un praticien à l’autre par des moyens non linguistiques, quand on se trouve dans le rôle d’un médiateur linguistique sans forcément être capable d’opérer au niveau du toucher ? En absence de glossaires et de ressources lexicographique, l’unique chose qu’on peut faire (à part devenir ostéopathe) est de construire le sens, puisque la signification des concepts paraît l’unique voie vers ce qui nous (les traducteurs) préoccupe le plus, à savoir l’équivalence dans la traduction.

Même en présence d’équivalence conceptuelle, on ne peut pas affirmer qu’il existe une équivalence linguistique parfaite entre les termes en LA et LD puisque plusieurs autres facteurs entrent en jeu lors du passage interlangue : l’équivalence terminologique est notamment conditionnée par des facteurs sémantiques, pragmatiques, contextuels et culturels qui opèrent au niveau de la langue source et à celui de la langue d’arrivée (House 2000 : 150).

La volonté de construire le sens pour pouvoir avoir accès à l’équivalence entre plusieurs langues se trouve au cœur de l’étude que nous avons entreprise dans le cadre d’un projet d’études doctorales dont le titre est « L’équivalence dans la traduction des termes du domaine de l’ostéopathie biodynamique en anglais, français, italien, letton et russe ». Pour chacune des quatre langues d’arrivée, il s’agit de néologie, puisque l’approche biodynamique n’est apparue en Europe que dans les années 1970-1980.

2. Base théorique

Saisir le sens d’une représentation mentale n’est pas un problème anodin. La nature imparfaite du langage humain conditionne son impossibilité de rendre accessible la totalité du sens pour un mot. Certains auteurs prétendent qu’il est impossible de mesurer le sens : « Essayer de produire une description scientifique rigoureuse de la sémantique du langage humain peut être une tâche aussi futile que celle consistant à pourchasser un arc-en-ciel » (Sampson 2002 : 185) (notre traduction1). Les autres sont moins pessimistes : « Le sens du mot est dynamique, mais cela ne veut pas dire qu’il est immensurable » (Hanks 2013 : 3) (notre traduction2). Avec la terminologie, la question se pose sous un angle un peu différent.

Un terme est un signe vivant (Depecker 2000 : 92) doté de plusieurs dimensions sémantiques, pragmatiques et même émotionnelles. En général, les langues disposent d’un « trop plein de sens » (ibid : 105), et il n’y pas de raison de croire que les langues de spécialité en sont privées, contrairement aux postulats de la théorie générale de la terminologie (Wüster 1968) qui voit un terme comme une unité parfaitement nette, sans synonymes, ayant une seule signification bien cernée attachée à une seule forme linguistique et privée de tout aspect connotatif. Il existe plusieurs moyens d’évaluer et décrire le sens dans les travaux linguistiques.

Afin d’évaluer le sens des unités terminologiques, on propose un modèle de la structure de signification basé sur une métaphore, celle d’une perle cultivée (voir Schéma 1). Comme elle est également un organisme vivant, la perle est assujettie à diverses influences. Au centre, elle contient un noyau ayant été déposé là par le producteur. Ce noyau correspond aux traits conceptuels d’un terme, sa base sémantique qui devrait être la même dans toutes les langues puisqu’elle reflète le contenu du concept au cœur du terme. Si le noyau d’une perle est tordu, elle devient endommagée et mal formée pour être ensuite jetée. De même, si les traits conceptuels sont mal identifiés, mal compris ou modifiés, l’appréciation du terme en ressent des conséquences qui peuvent se révéler désastreuses.

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Schéma 1 : Modèle de sens pour les unités terminologiques

On pourrait décrire l’ensemble de ces traits comme un archiconcept, « une entité cognitive qui se manifeste par des traces matérielles dans les dénominations des diverses langues » (Thoiron, Arnaud, Béjoint et Boisson 1996 : 523). Ainsi, certains traits conceptuels peuvent se manifester dans la dénomination. Le contenu de cette manifestation peut varier selon la LA : « en présentant diverses dénominations d’un même concept, dans plusieurs langues, et en explicitant les signifiants, on apporte sur le concept un éclairage neuf » (ibid : 771). Boisson (1996 : 557) appelle ce processus « modulation conceptuelle ».

Pottier (2011 : 67-68) propose d’utiliser le terme « noème » pour décrire la somme des significations et traits conceptuels qui ne dépendent pas de la langue, mais sont universels. Dans notre analyse, on propose d’étudier ce niveau de sens à travers les définitions, ce qui permet de déceler les traits conceptuels d’un concept. Après tout, « la définition est le meilleur équivalent linguistique d’un concept, mais la mise en discours d’une définition étant pratiquement impossible, le terme lui est substitué » (Depecker 2005 : 307). Depecker (ibid) propose un autre terme pour les traits conceptuels : « définisseurs » qui font référence aux constituants des concepts et articulent le terme en question.

Pour résumer, au cœur de notre structure qui ressemble à une perle, on retrouvera les traits conceptuels de base qu’on avait pu préciser en produisant une définition du terme basée sur le contexte. Ce niveau est celui du mental où vivent les concepts.

Le second niveau du sens dans notre modèle correspond aux couches de perlucine (conchyoline) de la perle. Dans la nature, ce sont des substances organiques que le mollusque sécrète en réagissant à un irritant dans sa cavité. Pour nous, ce sont les traits du sens motivés par la langue et la culture.

Ce niveau est responsable de la composante matérielle, c’est-à-dire de l’aspect formel du terme – sa forme ou dénomination. Le plus souvent, cette forme provient de la langue générale et se trouve par conséquent ancrée dans une culture et un système linguistique donnés.

En d’autres termes, c’est la dénomination qui génère ces caractéristiques qui ne font pas partie des traits conceptuels, mais sont présentes au niveau de la langue puisque la grande majorité des termes sont des mots déjà utilisés dans la langue générale avec toute la pluralité de leurs significations. Même si l’« ancien » sens est rejeté lors d’un passage dans la langue de spécialité, un certain après-goût est présent sous la forme de ce qu’on appelle la résonance.

Le concept de résonance sémantique a été introduit par Hanks (2013 : 221) : il décrit les relations entre le sens principal littéral et le sens figuré, comme dans le cas de la métaphore. Le sens figuré se présente à travers une cartographie qui lie l’objet de la métaphore à sa base non métaphorique. Hanks mentionne également la résonance « interprétative » qui active l’imagination d’un lecteur sans avoir recours à son expérience et la résonance « intertextuelle » (ibid : 240) : peu d’énoncés d’une communauté linguistique sont réellement originaux, la plupart sont conditionnés par des phrases déjà entendues chez d’autres locuteurs. Ainsi, l’intertextualité est une des grandes sources de la résonance linguistique qui a un effet profond sur la cohésivité de la langue et de la culture à travers le temps et l’espace.

La résonance, dans son essence, représente l’entièreté des associations cognitives partagées par les usagers d’une langue particulière. Dans cette étude, on va appliquer ce concept à la langue de spécialité en l’étendant plus loin. Notre hypothèse est que chaque mot provenant de la langue générale ne rompt pas tous les liens avec ses significations précédentes, mais en conserve une certaine résonance. Ce niveau de sens peut être étudié à travers l’observation des significations des mots dans leur milieu d’origine (langue générale la plupart du temps) en LD, l’établissement du procédé de traduction pour les unités en LA et l’étude des significations des mots qui les composent, eux aussi venus de la langue générale le plus souvent.

La troisième composante du sens dans notre modèle de la perle est la nacre – la couche finale qui donne son aspect brillant et coloré à la perle allant du noir au rose, blanc, vert et violet. Ce niveau dans la langue est représenté par la perception individuelle de chaque individu qui dépend de son expérience, ses connaissances et croyances en plus d’autres facteurs conditionnés par la structure cognitive unique de chaque personne. À ce propos, on pourrait citer la résonance « expérientielle » (Hanks 2013), qui est une manifestation du fait que ce qu’on vit se trouve ancré dans notre vocabulaire. Ce sont des échos distants de notre expérience ou celle de quelqu’un d’autre. Ce type de résonance est très difficile à mesurer.

La conceptualisation inclut d’innombrables facteurs basés sur les stimuli auditifs, visuels et tactiles, en plus de ceux qui sont conceptuels et lexicaux (Lamb 1999 : 152). En ostéopathie biodynamique, qui est une science et un art manuel basé sur une perception très raffinée, ce niveau devient encore plus pertinent puisqu’il contient ce qui peut être qualifié de « sensations esthétiques prénoétiques et non-verbalisables » chez les praticiens (Banton 2019 : 39) (notre traduction)3. Ce domaine d’analyse se perd dans le non verbal, où la construction du sens passe par une sensation corporelle et le concept avec son revêtement linguistique vient beaucoup plus tard (Gendlin 1962 : 19). Cette approche, déjà connue en psychothérapie, est aussi appelée « relation incarnée » (embodied relating) (Totton 2018) ou « identification végétative » (vegetative identification) (Boadella 2014 : 104). La difficulté que représente ce niveau d’analyse est le manque de méthodologie plus ou moins rigoureuse de son évaluation.

Pour résumer, ce dernier niveau correspond aux associations fugitives accumulées par un individu donné qui utilise le terme. Il reflète le vécu d’une personne, souvent enraciné dans l’inconscient, qui se traduit par une appréciation particulière de la réalité, y compris la réalité linguistique et terminologique.

3. Problématique

En effectuant cette étude qui se veut à la fois scientifique et professionnelle, nous cherchons à répondre à une question importante : comment le sens des unités de langue spécialisée (terminologie) est construit, quelles sont les composantes mesurables de sens qu’on pourrait mettre en évidence afin d’assurer, par la suite, l’équivalence dans le processus de traduction de ces unités en d’autres langues, en particulier dans le contexte de la néologie, où la conformité conceptuelle devrait être observée a priori.

4. Objectifs de l’étude

Notre étude est basée sur la construction du sens des unités terminologiques en vue de la pratique traductionnelle, et on se concentrera sur les deux premiers niveaux d’analyse mentionnés plus haut – celui des traits conceptuels à travers les définitions et celui de la résonance au niveau linguistique.

L’objectif concret de cette étude est, en premier lieu, de proposer un modèle de construction et d’analyse de la signification pour la terminologie en nous fondant sur le sens construit par deux principaux moyens : la définition terminologique avec une extension qui illustre les traits conceptuels d’une unité donnée, et la résonance lexicale qui apparaît du fait que la plupart des dénominations des unités terminologiques sont issues de la langue générale.

En second lieu, nous proposons d’appliquer ce modèle à la terminologie de l’ostéopathie biodynamique en cinq langues : l’anglais, le français, l’italien, le russe et le letton afin de voir quelles sont les répercussions concrètes de cette évaluation dans le cadre du transfert interlangue.

5. Méthodologie et corpus

5.1. Constitution du corpus

Afin d’avoir accès aux instruments de mesure, il nous a fallu passer par des étapes préliminaires : extraction des termes et constitution des glossaires. Pour cela, on a constitué un corpus de tous les textes disponibles en ostéopathie biodynamique (en particulier, l’école de James Jealous), corpus qui comprenait 11 manuels, 1 livre et 62 CD qu’on a dû transcrire (373 858 mots au total). Les termes ont été extraits à l’aide de Sketch Engine. Une fois la liste constituée, elle a été soumise à l’examen et à l’approbation d’enseignants d’ostéopathie biodynamique afin d’en approuver le contenu. Notre longue expérience dans le domaine de la traduction de cette discipline a également joué son rôle dans ce travail. Ainsi, on a obtenu une liste de 210 termes en anglais, LD.

Par la suite, on a procédé à l’examen de textes parallèles en langues d’arrivée – le français, le russe et l’italien. Les corpus ont été constitués et soumis à l’approbation de spécialistes dans les langues respectives. Pour le letton, le corpus a dû être traduit d’une autre manière puisqu’il n’y a aucun texte traduit en ostéopathie biodynamique dans cette langue. La liste des termes a été soumise aux praticiens lettophones de cette approche qui ont proposé leurs traductions pour les unités. Ensuite, cette liste a été étudiée, vérifiée et corrigée par le Centre de la Langue Nationale de Lettonie (Valsts Valodas Centrs). Ainsi, la totalité des 210 termes se sont vus traduits dans les quatre langues d’arrivée.

5.2. Construction des définitions

Par la suite, on a entamé l’analyse conceptuelle basée sur le contexte linguistique pour chaque unité terminologique. Toutes les mentions de chaque terme ont été répertoriées dans un tableau, ce qui a permis de déceler les traits conceptuels de chaque terme en nous basant sur ce contexte. Le tableau 1 représente une partie d’un tableau plus grand de ce type de répertoire pour le terme « augmentation ».

Kalinia_2.pdf

Tableau 1 : Extrait du tableau pour le terme « augmentation »

L’extraction des traits conceptuels a ouvert la voie à l’étape suivante, d’une importance cruciale dans cette démarche – la composition des définitions pour les termes. Comme on l’a déjà signalé, l’approche biodynamique ostéopathique ne dispose pas de ressources lexicographiques ni de définitions pour ces termes. Or, elles paraissent cruciales dans le travail traductionnel et peuvent également se révéler utiles pour les étudiants et les praticiens eux-mêmes, vu que l’ostéopathie n’échappe pas aux exigences de la pratique fondée sur les données probantes (evidence-based medicine) (Sackett, Rosenberg, Gray, Haynes et Richardson 1996), dont une terminologie bien cernée est l’un des principes de base.

Individualiser les traits conceptuels de chaque terme est indispensable, puisque, comme le précisent Béjoint et Thoiron (2000 : 8) :

C’est le trait qui permet la définition telle que nous la pratiquons, dont l’importance particulière en terminologie est évidente si l’on considère que c’est elle qui forme le terme, qui constitue une sorte de brevet déposé garantissant la nature de l’objet désigné par lui.

Il y a plusieurs modèles de définitions, chacun répondant aux besoins particuliers et au profil de l’usager (Sager : 1990). Dans notre travail, nous avons adopté les principes des définitions intentionnelles. D’après Löckinger, Kockaert et Budin (2015 : 60), les définitions intentionnelles « ont une longue tradition et peuvent être un outil approprié pour représenter des concepts » (notre traduction4). Les définitions intentionnelles sont aussi appelées « définitions terminologiques » (Pavel, Nolet et Leonhardt 2001 : 118) ou « définitions analytiques » (Copi et al. 2014 : 98). Leur formation suit la formule suivante : concept générique + caractéristiques distinctives qui servent à délimiter le concept en question (Löckinger, Kockaert et Budin 2015). Les caractéristiques distinctives dans cette formule sont les traits conceptuels les plus importants.

Dans le cadre de ce travail, nous avons décidé d’ajouter une extension à chaque définition (qui doit être assez précise et concise). Il nous paraît important de représenter tous les traits conceptuels disponibles à l’observation, même ceux qu’on ne peut pas inclure dans la définition par souci de brièveté. On a pu classer les informations dans l’extension en catégories : celle de « caractéristiques », « histoire » (quand c’était possible) et « en pratique clinique », où on a inclus les propos ayant une certaine pertinence pour la pratique de l’ostéopathie biodynamique. Il faudrait noter que, dans notre contexte assez particulier de néologie empruntée dans les LA, la définition est perçue comme universelle et panlinguistique.

Voici un exemple du terme de notre corpus avec sa définition et son extension construites par nos soins à partir du contexte d’usage :

La prise de Becker
Définition : la position des mains de l’ostéopathe avec laquelle il tient la tête du patient comme si c’était un bol rempli d’eau.
Extension :
Histoire :
Le terme peut prendre la forme de ‘prise de Rollin Becker’ puisque c’est cet ostéopathe qui est l’auteur de la technique de la prise.
En pratique clinique :
Avec la prise de Becker, les pouces de l’opérateur sont placés des deux côtés, ses paumes tiennent la tête comme un berceau.
Avec la prise de Becker, l’opérateur tient la tête du patient comme si c’était un bol rempli d’eau jusqu’aux bords en essayant de ne pas laisser cette eau se renverser.
Caractéristiques :
Le bol est transparent et l’on peut observer les activités des fluides et de la Marée qui passent à travers.
Le bol respire – les mains de l’opérateur ne doivent pas le comprimer ou le tenir fermement.
Les mains de l’opérateur doivent être transparentes, perméables à tout mouvement.

5.3. Mesure de la résonance

Une fois que les 210 termes de la banque de données ont reçu leurs définitions, on a procédé à la mesure de sens du deuxième niveau – celui de la résonance.

Ayant accompli la première étape du travail, on disposait déjà d’une banque de données qui nous rendait accessibles les traits conceptuels des termes. Ce sont des constructions mentales qui se trouvent partiellement articulées dans la dénomination du terme – c’est-à-dire dans la langue (de départ et d’arrivée), et c’est là qu’ils peuvent entrer en résonance avec la langue générale.

Prenons un exemple : le terme « bird » est traduit par « oiseau » en français. En ostéopathie biodynamique, il signifie « système ventriculaire, en particulier le troisième ventricule, et sa fonction immunitaire ». Le mot est clairement emprunté à la langue générale. Le dictionnaire (Antidote) nous fournit les significations suivantes pour l’anglais et le français (tableau 2):

Anglais, LD

Français, LA

  1. a class of feathered, winged, two-legged, egg laying animals (Aves), most members of which can fly.
  2. a person of a particular type, especially one that is unusual in some way.
  1. Animal ovipare ailé, à sang chaud, au corps couvert de plumes et dont les mâchoires forment un bec corné.
  2. familier, péjoratif – Individu.

Tableau 2 : les significations du mot « bird » - « oiseau » dans la langue générale.

Les deux significations les plus fréquentes sont très proches. On ne prend pas en considération absolument toutes les significations possibles pour cette analyse, puisqu’on considère que les acceptions moins fréquentes ne sont pas sollicitées par la mémoire linguistique lorsque la résonance survient.

Voici un autre exemple d’analyse : le terme « fluid » en ostéopathie biodynamique signifie « substance ayant un haut potentiel de transformation ». En plus, on trouve de nombreuses extensions de cette définition qui nous permettent de mieux comprendre ce concept. Pour en citer quelques-unes (puisque la liste complète est longue) :

• Le fluide ne ressemble pas à l’eau ;
• Le fluide n’est pas un liquide ;
• Les fluides peuvent fluctuer ;
• Les fluides sont très sensibles ;
• Les fluides ne sont pas des processus biologiques conditionnés par les lois physiques, mais une continuité vivante du monde naturel ;
• Les fluides sont intelligents et peuvent prendre des décisions.

Au niveau formel, le mot a été emprunté à la langue générale. Nous allons donc consulter le dictionnaire pour voir la définition de « fluid » dans la langue de départ – l’anglais. Le mot dans la langue générale veut dire : « a liquid substance that is able to flow freely » (Antidote) – une substance liquide qui peut couler sans difficulté (notre traduction). On procède de même pour les langues d’arrivée. Même si la définition conceptuelle du terme ostéopathique est le même, le mot « fluide » en français ou « fluido » en italien, « fluīds » en letton ou « флюид » en russe appartient également à langue de tous les jours – c’est là que la résonance va se faire sentir. En français, on trouve carrément moins de référence à un liquide qui coule sans obstacle, vu les définitions : 1) Corps fluide, qui épouse la forme de son contenant. 2) Énergie, émanation, force mystérieuse dégagée par les êtres, les objets, les astres. 3) (spécialement) – Énergie occulte qu’a une personne (Antidote). En italien : 1) sostanza liquida o aeriforme che può assumere la forma del recipiente che la contiene. 2) ipotetica emanazione di energia che consente di trasmettere ad altri il proprio pensiero o la propria volontà (Zanichelli) ce qui peut se traduire par : 1) substance liquide qui peut épouser la forme du récipient qui la contient. 2) hypothétique émanation d’énergie qui permet de transmettre aux autres sa pensée ou sa volonté (notre traduction). On trouve les mêmes références fortes aux émanations mystérieuses en russe et en letton. Ainsi, dans toutes les LA, le renvoi au spiritisme et au magnétisme se présente parmi les premières (les plus fréquentes) acceptions du mot dans la langue générale. On peut donc considérer que la résonance de cette unité est différente de celle en LD.

Ainsi, au niveau méthodologique, on a constitué un tableau où, pour chaque terme, on a noté le sens le plus commun du mot ou des mots qui le composent dans la langue générale. On a utilisé le dictionnaire Antidote pour l’anglais et le français, Zanichelli pour l’italien, les dictionnaires Efremova/Ozhegov/Ushakov (https://rustxt.ru/dict) pour le russe et Tilde pour le letton. On cherchait à voir si les acceptions les plus communes des mots en question coïncidaient. La signification du terme en ostéopathie qu’on avait pu établir à l’aide de la définition nous servait de tertium comparationis, puisqu’on pouvait faire attention à la signification particulière du mot en LD qui avait servi de base pour le terme. Il faut noter que dans un domaine comme la résonance, les mesures sont approximatives, puisque la matière elle-même n’est pas stable et absolue. C’est donc de cette manière qu’on a procédé pour chacun des 210 termes en LD de notre corpus avec les quatre LA – le français, l’italien, le russe et le letton. Les termes dans chaque paire de langues ont été saisis dans un tableau Excel, et les significations les plus fréquentes de leurs composantes dans leur langue générale respective ont été enregistrées et comparées pour en déduire si la résonance est similaire ou différente.

6. Résultats

Voici quelques résultats statistiques de notre analyse de résonance (Tableau 3) :

Kalinina_3.pdf

Tableau 3 : Pourcentage des termes avec résonance similaire en LA

On a pu observer une résonance similaire dans 70 % des cas pour les termes en français, 67 % pour les termes en italien, 61 % en letton et 52 % en russe.

En observant et en analysant les unités terminologiques dont la résonance n’est pas similaire, on a pu établir des catégories des raisons expliquant ce manque de résonance. Ces catégories ne sont pas absolument nettes puisque la résonance elle-même est une notion assez floue. D’après nos observations, le manque de résonance peut être expliqué par les raisons suivantes :

1) Choix délibéré de la part du traducteur. Les unités terminologiques appartenant à cette catégorie sont traduites en enfreignant de quelque manière les bonnes pratiques de la traduction. Un exemple est le terme ‘Be still and know’ qui, malgré sa forme insolite, signifie un état dans lequel se trouve un ostéopathe quand il/elle se trouve dans l’expectative, mais sans attentes précises tout en plaçant sa confiance dans les forces thérapeutiques invisibles. L’expression provient de la Bible, plus précisément du psaume 46.10 (New International Version) dont la version anglophone est : « He says, Be still, and know that I am God; I will be exalted among the nations, I will be exalted in the earth ». Si l’on devait observer la règle d’équivalence (la bonne pratique en milieu traductionnel), on prendrait exactement le même passage dans la version française et on en tirerait l’expression en question. Il en existe au moins deux versions : 1. « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu : Je domine sur les nations, je domine sur la terre » (saintebible.com). 2. « Tenez-vous tranquilles, et sachez que je suis Dieu : je serai exalté parmi les nations, je serai exalté sur la terre » (bible.com). Mais le terme en français est traduit par ‘soyez immobiles et sachez’ ce qui représente un choix conscient de la part du traducteur puisque cette version est considérée comme plus proche du sens du terme en ostéopathie biodynamique, puisque la composante « still » nous renvoie à un autre terme très important, « stillness » dont le sens est plus proche de l’immobilité relative que de l’arrêt.

La même chose est observable en russe où le terme est traduit par « будьте спокойны и знайте » en relation avec « stillness»  – « спокойствие », même si les mots exacts de la Bible sont : « Остановитесь и познайте » (bible.by) (arrêtez-vous et sachez) ou « Уймитесь, знайте » (très difficile à traduire, proche de « refroidissez vos ardeurs et sachez ») (bibleteka.com), ou encore « Умолкните и знайте » (taisez-vous et sachez) (bible.by).

2) Erreur. D’après nos observations, le manque de résonance peut parfois être motivé par une erreur ou une interprétation erronée de la part du traducteur. Ainsi, nous considérons que la traduction du terme « wire » par le mot « rete » en italien qui signifie « réseau » plutôt que « fil » (parfaitement traduisible par le mot ‘filo’) est une erreur.

3) Impossibilité à cause de raisons linguistiques. Cette catégorie est l’une des plus importantes, notamment pour le russe et letton. On observe que, parfois, la traduction par un calque qui représenterait un terme « idiomatique » – conforme aux usages de LA (Delisle, Fiola 2013), est impossible du fait que les langues expriment les concepts de manière trop différente.

Il s’agit notamment de « l’architecture des deux langues » Bertozzi (1999 : 16) (notre traduction5).

On prend comme exemple le concept de « core link » en ostéopathie qui signifie « membrane durale qui relie le crâne et le sacrum ». C’est le mot « core » qui présente une difficulté pour toutes les LA. En anglais, « core » signifie le plus souvent (d’après le dictionnaire Antidote, avec notre traduction en français) :

• the central part of an object (la partie centrale d’un objet - cœur)
• the central part of fruit, containing the kernels or seeds (la partie centrale d’un fruit, le noyau)
• the central area of a nuclear reactor where fission occurs (physics) (la partie centrale d’un réacteur nucléaire où se produit la fission, en physique - calandre)
• the differentiated central portion of a planet or star (astronomy and geology) (la partie centrale différenciée d’une planète ou étoile, en astronomie et géologie - noyau)
• the torso, especially the abdominal muscles (le torse, surtout les abdominaux - tronc)
• the most important part of something (la partie la plus importante de quelque chose – cœur, fond, partie essentielle, centre)
• a small group of people who are essential to a particular activity, organization, etc. (un petit groupe des personnes qui sont essentielles pour une activité particulière, une organisation, etc. - noyau)

Le sens ostéopathique est fondé sur les traits « central » et « le plus important ». Pourtant, il est difficile de trouver un mot qui épouserait ces significations dans toute leur complexité. Ainsi, le russe utilise l’adjectif « основной » (de base) pour rendre « core », tandis que le letton opte pour « dziļš » (profond). En français, on dit « lien fondamental » tandis que l’italien adopte l’emprunt « core link ».

4) Calque/faux ami (un calque qui représente un faux ami de traducteur en même temps). Dans ce cas, le traducteur choisit un mot qui ressemble fortement au mot en LD, mais dont la résonance (et le sens) est assez différente. Un des exemples est le mot « fluide » déjà mentionné plus haut. Un autre exemple est le terme « neutral » traduit en français par « neutre ». Il paraît presque normal jusqu’à ce qu’on se penche sur la définition et l’extension du terme en ostéopathie. Le terme signifie « un état homogène de l’organisme entier dans lequel il devient réceptif au processus de guérison ». En étudiant son extension, on découvre que le terme vient de la terminologie automobile – « neutral » signifie « point mort ». Cette observation a une assez grande importance en ostéopathie biodynamique puisque cette métaphore, qui évoque une automobile dont la boîte de vitesse est au point mort, est par la suite souvent reprise. Ainsi, quand on traduit par « neutre », cette association est perdue, mais on obtient la résonance associée au « neutre » en français – 1) Qui refuse de prendre parti, qui ne s’engage ni d’un côté ni de l’autre ; 2) Qui ne participe pas aux conflits armés, qui ne conclut pas d’alliances militaires ; 3) Dépourvu de passion, détaché, impersonnel ; 4) Se dit de teintes, de couleurs plutôt pâles, mates ; 5) Qui n’est ni acide ni basique ; 6) Qui n’a pas de charge électrique (Antidote).

5) Différences dans la fréquence. Parfois, la résonance des mots en LA et LD est différente parce que le mot en question est fréquent en LD, mais peu fréquent en LA, comme c’est le cas pour le terme « convergent » (marqué « assez fréquent » dans le dictionnaire Antidote). En russe, le mot « конвергентный » existe, mais dans un contexte technique plutôt restreint. Son indice de fréquence est de 1,3 (Lyashevskaya et Sharov 2009), tandis que le minimum pour les mots fréquents se situe vers 2,6.

6) Difficultés liées aux combinaisons nom+nom en anglais. L’interprétation des relations entre les composantes de termes tels que « motion testing », « balance point » ou « power points » peut causer des problèmes en LA où la nature des liens entre ces éléments doit être mise en évidence obligatoirement. Ainsi, on ne peut pas dire avec certitude s’il s’agit des points de puissance ou des points pour la puissance. Le français laisse l’emprunt anglais, tandis que l’italien opte pour « punti du potenza » (point de puissance), tout comme le letton « spēka punkti ». Le russe utilise un adjectif, « силовые ».

7) Emprunt. Cette catégorie est la plus évidente – quand le terme est traduit par un emprunt ou une transcription/translittération (en russe), il est évident que la résonance en reste absente. Un des exemples de notre corpus est « shakedown », un terme qui désigne un traitement des tissus mous sous forme de légères secousses (« shake » – secouer). Toutes les langues, à l’exception du letton, introduisent ce terme sous la forme d’un emprunt (transcription pour le russe).

8) Raison inconnue. Parfois, nous ne pouvons pas dire avec certitude pourquoi le traducteur a préféré une version plutôt insolite, comme c’est le cas de « Breath of Life » traduit en italien par « Soffio Vitale ». Le terme en ostéopathie signifie une force mystérieuse d’origine divine et un mouvement qui passe à travers tout en l’animant. La dénomination fait référence à la Bible, puisque cette collocation a été empruntée à la Genèse. En français, letton et russe, l’aspect formel est identique : ce sont les mêmes mots empruntés à la Bible : « Souffle de Vie », « Dzīvības Dvaša », « Дыхание Жизни ». En italien ce terme est rendu par un calque. Mais l’équivalent du « Breath of Life » de la Genèse est « Alito di Vita » et non « Soffio Vitale ». « Soffio Vitale » est davantage lié à la philosophie grecque (« pneuma ») qu’à la Bible. Cette légère variation nous apporte un infime changement dans la résonance, mais on ne sait pas pourquoi les traducteurs ont adopté cette version.

La répartition de toutes les raisons mentionnées plus haut dans les LA est présentée dans le Tableau 4 ci-dessous :

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Tableau 4 : Raisons du manque de résonance dans les LA, en pourcentage

On voit que les résultats ne sont pas identiques : l’impossibilité linguistique est la raison la plus répandue pour le russe (qui paraît en ‘souffrir’ le plus), le letton et l’italien. Pour le français, c’est l’emprunt qui occupe la première position. Les calques-faux amis et les raisons inconnues sont assez fréquents en français et en italien, tandis que les difficultés de fréquence concernent surtout le russe et le letton.

7. Conclusion et autres perspectives

Dans cet article, on a proposé un modèle de représentation de la structure du sens pour les unités terminologiques qui a ensuite été appliqué aux unités en ostéopathie biodynamique.

Le schéma qu’on met en place est spécifiquement conçu pour ce domaine, mais pourrait être utilisé avec d’autres terminologies qui dérivent d’une LD en même temps que les concepts de la discipline en question.

La première étape de notre travail a été basée sur la constitution d’une base de données qui nous a permis de construire le niveau le plus profond du sens – celui où se trouvent les traits conceptuels mis en évidence à travers une définition intentionnelle et une extension contenant les formulations faisant référence à toutes les composantes du sens qui sont disponibles pour l’observation dans les contextes d’usage des termes répertoriés dans le corpus.

Une fois ce travail de base accompli, on a pu procéder à la deuxième étape du travail, qui visait le niveau successif dans la triple structure du sens. Cette couche de signification, d’après notre modèle, se trouve ancrée dans la langue – celle du départ et celles de l’arrivée, puisque la majorité des unités terminologiques sont issues de la langue générale. Par leur dénomination, elles entrent en résonance avec les mots de la langue générale, ce qui suscite un certain effet sur l’appréciation du terme par un locuteur d’une langue donnée. Nous avons donc noté et comparé la résonance pour la LD (l’anglais) et les LA (le français, l’italien, le letton et le russe). Par la suite, nous avons pu observer et classifier les cas de l’absence de résonance sur la base des raisons probables de ce manque.

Cette étude pourrait surtout être utile aux traducteurs confrontés au problème de lexique sans équivalents, mais aussi aux praticiens de l’ostéopathie biodynamique, puisqu’elle propose une importante systématisation de sa terminologie. L’étude pourrait être poursuivie dans l’objectif d’essayer de cerner la troisième composante du sens, selon notre modèle – celle de l’appréciation individuelle, mais cela demanderait une tout autre approche et ne serait réalisable que partiellement.

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Biodinaminės osteopatijos terminų reikšmės konstravimas vertimo praktikoje

Irina Kalinina
Lumiere Liono 2-asis universitetas, Latvijos universitetas

Santrauka

Šiuo straipsniu, kuriame susikerta terminologija ir vertimo studijos, siekiama nustatyti pagrindinius biodinaminės osteopatijos terminų reikšmės konstravimo principus. Apžvelgus teorinę medžiagą, buvo atliktas išsamus biodinaminės terminologijos tyrimas: remtasi tekstynu, sudarytu iš 210 angliškų terminų, išverstų į prancūzų, italų, rusų ir latvių kalbas.
Pagrindinis šio tyrimo tikslas – ištirti, kaip konstruojama terminologinių vienetų reikšmė, ir nustatyti jos išmatuojamus komponentus.
Po to, kai atsižvelgiant į kontekstą išsiaiškinama terminų reikšmė, galima išnagrinėti kitus veiksnius, kurie prisideda prie šių terminologinių vienetų įvertinimo.
Metodologiškai sukuriamas kiekvieno termino apibrėžimas, neatsiejamas nuo jo konteksto. Paskui tiriama semantinio rezonanso sąvoka, pasitelkiama iš bendrinės kalbos kilusiems terminologiniams vienetams tirti.
Matome, kad net naujažodžių srityje, kur konceptai perimami kartu su terminais, rezonansas gali įvairuoti priklausomai nuo kalbos; ypač pabrėžiama ekvivalentiškumo problema verčiant šios srities tekstus.
Raktažodžiai: terminologija; reikšmė; vertimas; rezonansas; specialybės kalba

soumis 28.03.05

1 Trying to produce a rigorous, scientific account of the semantics of a human language may be a task as futile as chasing a rainbow.

2 Word meaning is dynamic, but that does not mean that it cannot be measured.

3 […] intense prenoetic and unverbalisable aesthetic sensations.

4 [...] have a long tradition and can be an appropriate tool to portray concepts.

5 l’architettura delle due lingue