Taikomoji kalbotyra, 15: 95–107 eISSN 2029-8935
https://www.journals.vu.lt/taikomojikalbotyra DOI: https://doi.org/10.15388/Taikalbot.2021.15.8

Rédaction technique comme tralangue au profit d’une compétence traductionnelle et productosémique du mot

Said-Belarbi Djelloul
Université de Tlemcen / University of Tlemcen
intelgys@hotmail.fr

Résumé. En matière de traduction et de traductologie, les plus grands spécialistes en la matière s’accordent pour reconnaitre une indéniable relation entre l’acte de traduire, rédaction technique et le sens des mots. Cependant les considérations sur les problèmes que pose la culture et notamment certains realia (termes intraduisibles) en arabe juridique sont fréquentes : c’est à la fois la raison d’être de la traduction et la source des difficultés qu’elle comporte. Ceci dit, construire le sens d’un mot ou encore le produire en cas de défaillance en langue cible n’est pas facile, mais cet exercice, est-il impossible ? Si ce n’est pas le cas, que faudrait-il faire pour surmonter les écueils et les difficultés d’ordre culturel pour des realia de par une opération de traduction en général et celle du juridique en particulier ? Des éléments de réponses à ces questions pourront se trouver dans une proposition concrète, consistant en une démarche stratégique faisant appel à quatre facteurs majeurs dont le trauteur doit tenir compte pour l’opération de production de sens d’un mot. L’article se termine par une réflexion sur lesdits facteurs pour accéder au parcours d’une piste didactique au profit de la production du sens d’un mot.
Mots clés: rédaction technique; traduction; traductologie; mot juridique; sens

Technical Writing as Tralanguage in Favor of a Translation and Productemiccompetence of the Word

Abstract. In translation and traductology, specialists recognize the undeniable relationship between the act of transiting, technical writing and the meaning of the words. However, considerations regarding the problems presented by culture and realia (untranslatable terms) in particular are frequent. It is at the same time the raison d’etre of translation and the source of difficulties. In other words, building a sense of a word or even producing it in case of a failure in the target language is not easy, but is this exercise impossible? If not, what should be done to overcome these pitfalls and cultural difficulties for realia via a translation operation in general and a legal one in particular? Answers to these questions can be found in a proposal entailing a strategic approach, calling on four major factors that the “trauthor” should take into account for the production of the meaning of a word. Finally, a reflection on said factors is made to access the process of ways of teaching for the production of word meaning.
Keywords: technical writing; translation; traductology; legal word; meaning

Copyright © 2021 Said-Belarbi Djelloul. Published by Vilnius University Press.
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1. Introduction

« La traduction n’est jamais ancillaire, secondaire, mais première. Travailler la traduction, rencontrer deux fronts : une langue de l’auteur et une langue du lecteur. La question de la traduction n’est pas seulement la question des traducteurs, elle est la question essentielle de la rencontre de l’autre, c’est pour cela, elle est philosophique. La pensée est dépendante de l’idiome » (Jullien 2018).

Si nous passons au crible cette citation du philosophe François Jullien, force est de constater que la nature pragmatique de l’activité traduisante doit changer de cap pour se draper d’une nouvelle architecture et se pencher vers une réflexion ontologique à caractère traductologique sur le sens, sa construction voire sa production.

Etant une discipline protéiforme, la traduction doit attribuer en partage l’aspect linguistique mais aussi être au plus près de la pensée, donc du sens, car elle est un domaine fécond qui nécessite une pratique exigeante et exploratoire, qui peut être force d’inspiration pour une productosémie terminologique. Elle devient par excellence un lien de parenté entre les êtres, sociétés, etc. Son sens (orientation) serait vers le sens (réalité) de la pensée. Ainsi nous constatons que le mot sens amalgame l’orientation de la réalité de la pensée à travers laquelle le trauteur (Maître de la traduction) se voit en qualité d’un travailleur de sens pour l’avoir comme production langagière dans un mot graphique, morphologique.

En l’espèce, le trauteur laisse redémarrer le wagon du train textuel original là où il est arrêté pour stationner au texte cible. Ainsi le trauteur se révèle comme l’instrument qui donne un nouveau souffle pour embrasser une nouvelle situation, un nouveau monde du texte cible. Grace à la traduction se tient le fil conducteur du savoir de la communication dans son domaine de créativité à dose homéopathique en forme de continuité. La traduction doit être une ressource qui permet d’accéder à un commun intelligible et par voie de conséquence la placer dans son vrai statut, à savoir l’éthique. De nos jours, elle doit avoir comme finalité la réconciliation des langues et mettre au centre du processus de traduction le sens et sa production comme une activité créatrice car nous pensons à partir d’une langue. La traduction doit être opérante et productive afin d’explorer tout écart entre les langues et les exploiter pour non seulement détecter le vouloir dire mais surtout pour les enrichir. Il faut donc plaidoyer pour l’apprentissage de la traduction au-delà du sens linguistique et s’interroger sur son utilité sémantique à travers le mot construit et produit.

Cet enjeu doit se tenir donc dans une perspective conformément à une manière de voir les choses ; à un modèle cohérent de pensée afin de saisir les défis et de mesurer la portée du sens et sa mise en pratique en tant qu’élément majeur et maillon fort dans le domaine de recherche traductologique en particulier.

Le sens devient donc une activité à caractère philosophique afin de se permettre de produire un mot en tant qu’objet de pensée. La phrase de la philosophe Barbara Cassin, tirée d’un entretien avec Fabienne Durand-Bogaert, peut servir encore ici de repère : « la traduction est une création littéraire, une création de langue, une création de langue dans une langue » (Cassin 2020 : entretien 08 novembre).

Il ne manque pas donc de raisons, pour des linguistes et notamment des traductologues, de s’intéresser au sens d’un écrit, qu’il s’agisse d’appréhender ses caractéristiques linguistiques ou ses spécificités discursives dans une perspective d’interprétation sémantique.

Ainsi avec le monde contemporain et les travaux d’érudition produits par des chercheurs d’une variété d’horizons méthodologiques, culturels et linguistiques, la traductologie a pris un nouveau souffle en la matière. Une application à caractère philosophique sur l’espace d’une opération de traduction d’aujourd’hui livre indubitablement une contribution à la traductologie pour sa pleine légitimité en tant que domaine de pensée.

Une démarche de cette nature va nous amener à juste raison à compulser un fait de distinction d’un binôme linguistique afin d’essayer de parvenir à dégager des points d’articulation entre considérations linguistiques et réflexions sur le sens comme axiome sine qua non pour le besoin d’une opération de traduction pourvue de qualité.

2. Signification versus Sens

Au carrefour d’explicitation de ce binôme terminologique, moult spécialistes en la matière tracent encore aujourd’hui une ligne de partage quant à la charge sémantique du concept signification et celui du sens au sein d’une production scripturale.

En fait, la sémantique des deux unités linguistiques, à savoir la signification et le sens, tient toujours un débat réflexif évoquant leurs aspects définitoires quant à l’emploi et l’usage. Pour mieux donc arriver à une sémantique différentielle, penchons-nous sur certaines orientations explicatives de la part de quelques auteurs liés étroitement au domaine en pareille matière :

« La signification est conçue comme relations entre les plans du signe (signifiant, signifié) ou les corrélats du signe (concept, référent). Même orientée cette relation reste statique, typée, susceptible d’une expression logique ». « Le sens est défini comme parcours entre les deux plans du texte (contenu et expression), et au sein de chaque plan. Un parcours est un processus dynamique, obéissant à des paramètres variables selon les situations particulières et les pratiques codifiées. Si bien que le sens n’est pas donné, mais résulte du parcours interprétatif normé par une pratique » (Rastier 1999 : 213-240). 

« Convenons, en reprenant une distinction qui remonte au moins à Dumarsais, que la signification est une propriété des signes, et le sens est propriété des textes (…) si l’on approfondit, la distinction entre sens et signification, un signe, du moins quand il est isolé, n’a pas de sens, et un texte n’a pas de signification » (Morand 1997 : 229-279). 

« Le sens est un vouloir dire extérieur à la langue, antérieur à l’expression chez le sujet parlant, postérieur à la réception du discours chez le sujet percevant (…) l’émission de ce sens nécessite l’association d’une idée non verbale à l’indication sémiotique, parole ou geste peu importe en soi le support qui se manifeste de façon perceptible (…) la réception du sens exige une action délibérée du sujet percevant » (Seleskovitch 1976 : 64).

Partant du principe que la synonymie n’existe pas, les définitions sus-indiquées viennent renforcer la raison de cette volonté de différenciation entre ladite signification et le sens. C’est en grande partie au concept de sens que revient le mérite à la lisibilité d’un écrit. Disons simplement qu’à l’opposé de la signification la charge sémantique trouverait sa place idoine de par une représentation de communication en général et via un espace scriptural d’obédience traductologique en particulier.

En prenant en ligne de compte successivement les trois définitions sus-visées, il nous revient à s’interroger d’abord sur ce qu’est une signification et sens dans un espace textuel interlingual et intralingual, puis à voir ce que nous pouvons entendre par ces deux unités linguistiques et, enfin, à mettre en évidence la relation entre ces deux concepts.

En vertu de ce qui a été avancé, la signification se révèle être prise en contact avec des signes linguistiques isolés comme dans le cas des dictionnaires ayant un sens purement linguistique sans doute aucun. La signification se voit donc arpenter un mot doué d’une construction morpho-grammaticale qui n’a souvent pas de sens par lui-même. Car elle est statique comme un signe à part. Ceci suppose que la signification demeure au niveau d’un signe linguistique, c’est-à-dire le mot comme une graphie littérale dénuée de sens proprement dit. Elle sera toujours dépendante d’un contexte afin de se draper d’un sens pragmatique et par voie de conséquence rejoint son âme sui generis au sens ontologique de l’écrit. En l’espèce, le terrain sur lequel la signification se meut pour déterminer sa place notionnelle est essentiellement dénotatif. Or l’écrit n’est pas uniquement une référence linguistique. Dans cette optique, Searle disait : « Partant, communiquer devient synonyme de véhiculer un contenu linguistique ayant un sens intentionnel qui devrait être saisi, compris et assimilé par l’interlocuteur ». Ce souci très prononcé révèle l’importance de la dimension du génie de la langue par le truchement d’un signe linguistique particulier au sein d’un discours révélateur d’un vouloir dire qui serait par voie de conséquence la charpente d’une sémantique textuelle (Searle 1982 : 54).

En revanche, le sens se révèle comme une appartenance à une connaissance, une information d’un domaine donné. Son enracinement se trouve lié étroitement à un contexte qui lui confère une dominance par antériorité du texte linguistique, d’où une meilleure compréhension pour le lecteur. Par sa mouvance de par l’aspect scriptural, le sens se voit toujours requis, telle une interprétation orientée par un acte réflexif contenant une charge sémantique comme critère stipulé au texte. Nous avons déjà dévoilé, notamment dans la sphère traductionnelle, et confirmé par l’une des figures de proue en linguistique, en l’occurrence la professeure Kerbrat-Orecchioni « que le sens est une reconstruction du vouloir dire du locuteur par l’auditeur ou le lecteur, à partir des compléments cognitifs qu’ils ajoutent aux signes linguistiques émis par le locuteur » (Kerbrat-Orecchioni 1990 : 28). En pareil cas, le sens n’est donc pas donné dans le mot à priori, mais il est appréhendé par l’esprit lors d’un parcours textuel.

2.1. Bilan - quelle nuance ?

Nous rappelons d’abord que les deux unités linguistiques, à savoir la signification et le sens, ont été l’apanage des études linguistiques par excellence. Une pléthore de notoriété en pareille discipline les avait discutées en vue de limiter le champ d’investigation et par voie de conséquence booster le domaine de recherche quant à leurs statuts vis-à-vis d’un espace scriptural. Cependant les topoï différent et laissent d’autres interprétations naître avec le temps.

Pour continuer notre réflexion, nous soutenons que la signification et le sens sont deux unités linguistiques qui se caractérisent par leur appartenance à un même domaine, à savoir la linguistique, néanmoins leurs classifications continuent à adopter deux paramètres diamétralement distincts :

En l’espèce, nous pouvons éventuellement déclarer que le lien majeur qui unit la sphère linguistique, notamment dans le domaine traductologique, est beaucoup plus d’ordre sémantique à caractère pragmatique par adjonction aux éléments cognitifs personnels. Dans cette optique, Ducrot déclare que « Le propre d’une utilisation d’une langue serait alors de construire et de spécifier un mode d’interprétation de la langue qui rende celle-ci capable d’évoquer des propositions susceptibles de vérité ou de fausseté, (…) la linguistique serait bien mauvaise conseillère si elle fortifiait l’idée naïve que le simple fait de manier une langue rend capable ipso facto de concevoir des propositions et d’entrer ainsi dans l’alternative du vrai et du faux » (Ducrot 2019 : 10).

Nous sommes ainsi amené à mettre en relief ces deux unités linguistiques dans la mesure du possible en contrepartie d’une motivation à la recherche du deuxième volet de notre travail qui sera l’objet d’une réflexion portant sur la construction du sens étroitement lié au domaine traductologique.

Comme prologue, une mise en récit de notre nouvelle instance d’orientation traductologique permettra éventuellement d’ancrer ce débat réflexif dans des enjeux heuristiques concrets. Cette mutation de paradigme, issue de notre propre expérience professionnelle traducteur/interprète
ès-qualité, mettra en relief les enjeux de l’exposé proprement dit. Ensuite vient résider dans le parcours de travail, la place du mot, sens et signification à travers une sphère interlinguale et intralinguale et enfin, dégager le nouveau statut du traducteur dans sa globalité productosémique tant au niveau du signe (Mot) qu’au niveau du texte.

2.2. Fondement théorique de l’étude

De notre conception de la productosémie du mot dans une agora traductionnelle, nous avions dégagé une technique d’application qui vise essentiellement à initier les apprentis-traducteurs à la production d’une charge sémantique au sein d’un mot lié étroitement à un texte pragmatique, une fois qu’ils se sont assurés que l’équivalent dans la langue cible est défaillant. La raison qui nous a poussé de faire porter notre réflexion sur le mot du texte pragmatique, c’est parce que celui-ci sert essentiellement à véhiculer une information et dont l’aspect esthétique n’est pas l’aspect dominant de l’écrit (du juridique, de l’économie, du médical, etc.).

Pour notre analyse, nous mettons de prime abord la nécessité d’adopter une démarche qui se veut délibérément ouverte et qui prendrait en ligne de compte la productosémie du mot dans sa phase de construction sémantique par le truchement d’une représentation mentale au profit d’une opération traductionnelle en particulier, illustrée postérieurement en parcours d’analyse.

Dans cette optique, est-il possible de prendre les traducteurs comme « Maîtres » de leurs productions textuelles en langue cible ? Agissent-ils différemment vis-à-vis d’un auteur de texte source ?

Les questions, mises en saillie sur le fond de notre théorie, nous ont conduit à en chercher des preuves auprès de Pym traduit par Edouard Jolly & Philippe Rosthstein, qui déclare qu’ « une pléthore de théoriciens n’a de cesse de nous rappeler que la traduction n’est pas la répétition du même mais la création constante de la différence » (Pym 2011 : 54). Ceci semble nous placer dans la même vision de Barbara Cassin qui consiste à défendre « la traduction comme un savoir faire avec les différences » (ibid). Certes, par-devant une culture plurielle, nous nous voyons en perpétuelle conjoncture difficile, raison pour laquelle le traducteur se voit incliné vers d’autres issues pour rejoindre la sphère de la création en cas par exemple de défaillance terminologique en langue cible.

Etant nous même traducteur/interprète/ès-qualité, ceci peut être confirmé car, à chaque fois où nous sommes engagé à effectuer une opération de traduction, nous accordons une place à la créativité terminologique, notamment en cas d’absence de mot correspondant en langue cible, et par voie de conséquence nous léguons par éthique à notre mission traductologique un statut de trauteur responsable de sa propre traduction du mot. Agissant ainsi, il nous paraît patent que le trauteur produit son mot, son texte à lui en langue cible, il le crée tout en réfléchissant en sa forme et son fond sémantique. N’est-ce pas, ici, une tâche nouvelle ?

Avec ce nouveau statut, le trauteur se révèle comme maillon fort et par voie de conséquence il contribue à l’épanouissement de la langue en général, et à la dynamique de ladite traductologie en particulier. Muni de cette étiquette sui generis, le trauteur se contente donc d’une ouverture à la seule réalité du mot idoine en phase d’opération traductionnelle et reconnaître les mérites d’un parangon particulier de productosémie qui doit être ajusté par la voie d’une rédaction technique : la tralangue.

Ainsi avec le nouveau statut paratopique, à savoir passage du traducteur au trauteur, ce dernier va lui permettre de se fixer une tâche de création terminologique au profit de la langue cible qui pourrait s’adjoindre à un domaine de recherches prometteur qui s’ouvre en construction de sens appliquée à des traductions dépourvues d’équivalents de mots.

D’ailleurs selon Dominique Maingueneau « pour pouvoir parler de façon originale, créatrice, fondatrice, être un locuteur digne du discours dont lequel on est inscrit, il faut pouvoir trouver sa paratopie » (Maingueneau 2017 : vidéo youtube ).

En rupture avec la tradition, nous allons donc nous orienter vers un espace nouveau du cadre traductionnel où le sens du mot se produit avec l’essor d’une conception à partir des realia d’un signe-fait.

3. Nouvelle instance d’orientation traductologique

De par notre humble expérience en matière de traduction, nous avions gouté en filigrane le fond et la forme de l’acte d’écriture via des documents à géométrie variable. Nous nous sommes alors senti incliné vers cet espace scriptural comme nouveau parangon d’une nouvelle étape d’instance d’orientation traductologique, quitte à ce que nous considérions la traduction comme une langue loin d’être tout simplement une opération traductionnelle.

A ce stade, notre perspective traductologique voulait dégager la nouvelle dénomination de cette langue en pareille matière car elle est à la fois une langue pour elle-même et une langue pour toutes les autres, c’est une langue pour tous les types de texte et toutes les langues confondues : Tralangue.

Son axiome majeur sera un bain linguistique à caractère terminologique nécessaire par adjonction à une mise à bon escient de son usage en vue de produire un sens à un signe (Mot) en cas de défaillance terminologique lors d’une opération de traduction.

Ce travail portant sur l’écriture nous a permis d’arriver à retracer un véritable acteur de la tralangue, car il se perdait plutôt sur les traces du sujet co-auteur. Or le même sujet produit un texte avec sa forme et son fond d’une langue vers une autre en empruntant une pratique qui a toujours un accompagnement avec la réflexion sur la langue, sur son usage ; en un mot sur son propre sens. 

N’est-ce pas une place idoine qui mérite amplement un nouveau statut ? Raison pour laquelle nous étions amené à endosser le sujet de la tralangue la dénomination de Trauteur.

Sa noble mission est donc d’être le Maître incontesté de sa production traductionnelle et de porter ses soins attentifs sur l’éthique et la déontologie de la pratique en la matière. Dans cette perspective, nous pouvons éventuellement considérer que le Trauteur prend la responsabilité des textes qu’il produit en agissant nécessairement de la même manière que les auteurs (écrivains) et par voie de conséquence, il aurait un type de lecteur en la personne du futur apprenti trauteur que nous tentons de l’appeler le tralecteur.

Tout en optant pour une opération de traduction, le trauteur se voit dans l’obligation de lire le dit de l’écrit afin de détecter le vouloir dire du signe linguistique dans l’espace textuel de l’Etranger. Autrement dit, il est condamné à fouiner sans retenue dans le texte ce qui matérialise nécessairement le propre du sens, c’est-à-dire l’essentiel de l’acte d’interprétation pour mener à bon escient sa mission sui generis, à savoir l’opération de traduction. Par le truchement de cet acte de lecture, nous avons pu constater que le trauteur change de statut pour devenir ipso facto un tralecteur.

A cet égard, nous déterminons que le texte produit en fin d’opération de traduction est une prise de conscience sur l’écrit construit du texte source pour la reconnaissance du message du texte cible produit. Donc il s’agit d’une rédaction technique qui prend en charge toute une pratique dynamique de l’écrit comme une instance prépondérante de la part du trauteur, une fois appelé à effectuer une opération de traduction. D’ailleurs dans ce sens, Jean-René Ladmiral déclare dans son article intitulé La traduction : entre la linguistique et l’esthétique littéraire, que « traduire, c’est écrire un peu (…) c’est un travail d’écriture ou parole, au sein de la langue cible, où il s’agit de faire advenir grâce aux moyens qui lui sont propres une œuvre jusqu’alors étrangère et qui dès lors s’y trouvera accueillie. C’est pourquoi je préfère parler de texte (œuvre) et d’écriture en traduction autant... » (Ladmiral 2011 : 50).

3.1. Construction et productosémie

Toute langue fait partie d’une réalité et chaque réalité offre une construction d’une culture de la chose pour la réinventer en un concept doué de sens. La notion de culture comporte divers aspects exogènes du paramètre linguistique qui permettent au mot de se construire dans un bain sémantique propre à un domaine en vue d’endosser un sens identitaire propre à une culture donnée.

Par conséquent, chaque langue se voit donc interprétée à sa guise en particulier dans le domaine jurilinguistique étant donné que la charpente de la langue de droit se révèle bien souvent axée sur des données socio-religieuses tel le droit musulman. Comme le précise Anne Trescases « le langage du droit véhicule parfois des notions, des institutions et des procédures qui sont tellement particulières à chaque langue et culture juridique qu’il semble difficile de les transposer telles quelles, d’une langue et d’un système à un autre, sans risquer à tout moment l’impropriété, le contresens, voire le non-sens juridique » (Trescases 2012 : 117).

Raison pour laquelle le trauteur se voit dans l’obligation d’acquérir la conceptualisation de l’espace de la culture d’un texte soumis à une opération de traduction afin d’accéder éventuellement aux traits de la réalité exogène de la langue cible jugés pertinents et idoines pour effectuer sa tâche de transfert sémantique. En effet, la conceptualisation d’une chose, par adjonction à une culture, ouvre une porte sur des modes depensées, lieu d’essence du sens destiné à un concept bien défini.

En l’espèce, le sens se voit requis comme une interprétation orientée par un acte réflexif qui reconstitue le vouloir dire notamment dans une opération de traduction. Il convient donc de dire que le sens résulte du parcours interprétatif normé par une pratique revenant à penser la culture dans son rapport avec les autres cultures.

Partant d’un concept pour aboutir à sa charge sémantique et par là-même à sa dénomination notamment dans un cadre juridique, le sens repose sur des traits de la langue adoptée comme paradigme représentant, sans doute aucun, l’origine identitaire de la notion produite qui devient enfin une unité opératoire dans la langue cible lors d’une tâche traductionnelle. Et de là, le trauteur doit avoir pleinement conscience du cadre dans lequel s’inscrit le mot/terme qu’il produit. Il est appelé à répondre à deux postulats aussi bien au niveau rédactionnel qu’au niveau conceptuel car les références exogènes à la langue disposent d’une documentation référentielle de pensée faisant diffuser ou faire appliquer, dans le cadre d’une traduction juridique, le socle de son fondement conceptuel pour être rattaché à son cadre sémantique avec son moule graphique. Par conséquent, le trauteur se voit constitué un signal fort pour interpréter de manière judicieuse le sens profond des concepts traités.

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Figure n°1. Réseau de construction de sens et de la productosémie

A partir de ce tableau synoptique, il nous semble patent que le réseau de construction du sens et celui de la production du sens diverge sur le procédé de la conceptualisation des choses dans le langage et la communication sectorielle culturelle, en le cas d’espèce juridique, car une fois les configurations sémantiques établies, le trauteur pourra éventuellement vérifier de facto une équivalence conceptuelle produite autour d’un sens dans la langue cible. En définitive, « l’équivalence interlinguistique des termes passe par la détermination de la notion ainsi que par la connaissance du contexte - situationnel et culturel - qui connote et restreint le sens des termes » (Vandael et Raffo 2008 :15).

Résultat : la production du sens est ce qui est élu, choisi comme trait linguistique dans notre pensée lorsque nous utilisons une forme linguistique pour la recevoir en forme linguistique produite : Biocénose.

Dans une productosémie, nous optons donc pour une sémantique à trois éléments distincts :

• Concept (idée). . . . . . . représentation icônique.

• Produit (linguistique) . . . . . . représentation graphique.

• Sens (signe-fait) . . . . . . représentation linguistico-sémantique.

• Production . . . . . . terme (corps et âme).

3.2. Productosémie et realia

Pour expliciter le sens dans une perspective productosémique dans un cadre traductologique, il nous a semblé judicieux et nécessaire d’aborder le problème des realia dans une opération de traduction de l’arabe vers le français et par voie de conséquence, cette visée de recherche se révèle tel un éclairage qui nous permettrait par la suite d’affiner notre compréhension du choix terminologique et de la stratégie productosémique.

Avant d’aborder le vif du sujet, il nous paraît patent d’éclaircir par le truchement de définitions dictionnairiques le terme de realia pour que nous puissions accéder à notre parcours d’analyse et de proposer, à partir d’un reale en langue arabe, un terme connu par sa valeur d’équivalence en langue cible, à savoir le français juridique.

Généralement, de par certains dictionnaires usuels, les définitions du mot realia révèlent que le terme est stigmatisé par une qualité qui lui est intrinsèque et par le référent culturel auquel il renvoie. Ainsi, le dictionnaire Petit Robert de la langue française le définit « comme des unités lexicales qui désignent une réalité à telle ou telle culture » (Petit Robert 2019). En revanche, le dictionnaire Trésor de la langue française informatisé définit les realia « comme des objets existants du monde perçus ou considérés indépendamment de leur relation avec le signe ».

Nous pouvons ainsi avancer éventuellement qu’à travers la lecture de ces deux définitions, le champ conceptuel des realia permettra à lui seul de cibler les unités sémantiques pour s’en servir lors d’une production terminologique. Les realia seront donc des objets de recherche taxés d’une réalité d’une culture du pays d’origine. Pour les analyser, il est souhaitable de s’appuyer sur les opérations relatives au contexte socio-culturel par lesquelles on s’assure des unités sémantiques qui peuvent construire la graphie du concept et lui procurant sa production de sens. La tâche portant sur le sens des dénominations des realia dans une autre langue impose donc une étude qui doit être observée dans les détails du champ conceptuel par adjonction d’éléments exogènes de la langue cible.

Pour le besoin de la suite de notre proposition stratégique quant à la productosémie dans son espace traductologique vis-à-vis d’un reale à caractère juridique choisi, nous faisons appel à quatre facteurs majeurs dont le trauteur doit tenir compte lors d’une opération de production de sens.

4. Ingrédients de production de sens

• Pseudo-traduction : cette variante de traduction a le contrat de vulgariser le sens d’un mot difficile à saisir voire intraduisible en langue cible. C’est une technique de traduction paraphrasante ou explicative notamment dans certains types de textes dans lesquels la fonction informative domine : cas des textes juridiques. Toutefois, cette technique se voit drapée quasiment d’une tendance qui occasionne une traduction dépourvue de qualité et par voie de conséquence succombe à ce procédé étant d’abord une pseudo-traduction qui résout le problème sémantique d’un mot difficilement accessible chez le lectorat. Liée étroitement à notre étude, cette pseudo-traduction devient, par excellence, le maillon fort du point de départ de notre stratégie productosémique avec laquelle nous allons ultérieurement procéder à un canevas qui permettrait de lancer le parcours de la production d’un mot doué de sens dans le cas des realia en langue arabe pour le besoin d’une langue cible : cas du français.

• Conceptualisation : la conceptualisation est un facteur humain. Elle établit un acte de mise en mots : production de concepts par le truchement de la pensée. En l’espèce, le terme est un produit. Il est le produit d’un cheminement pensif et d’analyse mené par la pertinence linguistique du trauteur. Ce qui rend le mot un signe-fait et non pas un signifiant déjà construit. Ainsi chaque concept a une structuration, une formation bien définie en tant que produit d’une réalité. La conceptualisation devient par conséquent un élément fondamental de la genèse d’un concept déjà marqué par sa forme linguistique et son appartenance identitaire. Elle donne naissance à un produit taxé d’une idée comme référence à une propre culture chargée d’une sémantique qui reconnait la catégorie particulière du produit. A cette fin, la conceptualisation est donc considérée comme la pierre angulaire dans le processus de la production du sens voire du langage.

• Forme mnémotechnique : ce procédé vient succéder à la phase de la conceptualisation une fois le mot est produit. Le trauteur doit adapter un produit qui favorise l’attention et la concentration de l’apprenant étranger. D’une manière générale, le produit doit être un code facile à déchiffrer par son bagage cognitif. Donc il est nécessaire de produire une graphie littérale qui crée, entre le concept produit et sa couverture sémantique, un lien entre le nouveau sens et la compétence personnelle du lecteur. Autrement dit, le trauteur est tenu d’adjoindre des graphies linguistiques pour former le mot et par là- même faire appel au bagage cognitif du lecteur pour lui faciliter la saisie du terme produit. Cette biocénose devient par conséquent un indice efficace pour l’acquisition du sens du nouveau concept produit.

• Traphonie : comme dernier facteur du processus d’acquisition de sens, la traphonie consiste à guider le trauteur pour trouver le genre idoine du mot produit, car le passage de la langue arabe à la langue française peut provoquer une interférence de genre : féminin/masculin et inversement. Pour pouvoir accéder à une bonne production terminologique et éviter à tout prix la confusion du genre qui peut entrainer éventuellement un contresens ou un non-sens, la traphonie autorise le trauteur de parler beaucoup plus de prononciation à deux niveaux distincts : l’émission par la phonation et la réception par l’audition liées conjointement à la forme mnémotechnique en qualité de taxonomie d’acquisition de sens inhérent au mot produit et choisir par conséquent le genre du prédicat dominant dans l’action productosémique.

A l’issue de ce tour d’horizon constituant le cadre des facteurs majeurs de notre proposition stratégique, il est temps de clarifier le processus d’exploitation méthodologique pour répertorier les principes éventuels de l’opération traductionnelle.

Pour une cristallisation d’une vision commune, nous allons accéder au dernier point de notre parcours de recherche, à savoir une proposition stratégique comme étant une piste didactique.

5. Stratégie productosémique en traductologie

Choix d’un reale en arabe discours juridique relatif au domaine de divorce pour une femme :

Processus :

Reale : arabai_3.pdf

Terme translittéré : El-Kholã.

El-Kholã : unité opératoire de traduction.

1-Pseudo-traduction : El-Kholã est un divorce requis par la femme moyennant une somme d’argent.

2-Conceptualisation : Idée produite + signe-fait donnant l’identité productosémique.

3-Forme mnémotechnique : Taxonomie d’acquisition du sens -Divorce/somme-.

4-Traphonie : Valeur d’identité de l’équation du produit = Genre, c’est-à-dire une référence identitaire de l’équation du produit. Donc il faut choisir le genre du prédicat de l’action dominante dans l’acte de divorce.

Pour exécuter cet acte judiciaire, il faut :

D’abord une somme (argent) comme acte principal à l’effet de divorcer. Donc le mot -somme- devient par excellence le prédicat le plus dominant dans l’action de divorce et par conséquent une taxonomie du sens se conceptualise à partir de la forme mnémotechnique -Divorce/Somme- pour enfin laisser à la traphonie d’établir le genre idoine du mot produit conformément au genre du terme dominant dans l’action de divorce bien paraphrasée au niveau de la pseudo-traduction.

Mot produit doué de sens : La /Une divorsomie.

arabai_4.pdf . . . . . . El-Kholã . . . . . . Divorsomie.

Donc, nous assistons à un passage du mot arabe original, à la translittération, au mot produit.

Ce qui permettrait éventuellement de pallier le vide terminologique en langue cible en cas de défaillance d’un terme idoine vis-à-vis d’un contexte juridique.

De ce qui précède, nous pouvons constater que les principes adoptés dans le cadre de la productosémie sont de nature conceptuelle pour la pratique d’un signe-fait c’est-à-dire produit.

Pour illustrer nos propos, nous proposons la figure ci-dessous qui met en lumière les éléments du réseau productosémique.

105.pdf

Figure n° 2. Schématisation du réseau productosémique du mot

6. Conclusion

Nous disons que le thème du colloque nous a invité à réfléchir à la fois à l’éthique ainsi qu’à la déontologie du trauteur en qualité de producteur de mots doués de sens avec les exigences de l’espace traductologique d’aujourd’hui pour non seulement préciser les connaissances des langues cibles à géométrie variable, mais aussi de les enrichir en tenant compte de l’aspect culturel de chacune.

Raison pour laquelle nous avions mis en lumière, au niveau terminologique et sémantique, une description de traduction d’un reale en langue arabe juridique étant dépourvu d’équivalent en langue française juridique pour parvenir éventuellement à convaincre de l’utilité de la productosémie dans le cadre de la rédaction technique comme tralangue au profit d’une opération de traduction d’un mot.

7. Remerciements

Nous tenons à remercier d’abord l’Université de Vilnius de Lituanie de nous avoir donné l’occasion de participer au troisième colloque international relatif à la Construction du sens.

Nous adressons nos vifs remerciements à l’ensemble des acteurs du colloque pour avoir fédéré leurs efforts à l’effet de réussir cette manifestation scientifique et culturelle nonobstant les difficultés vécues lors de la conjoncture de la pandémie du Covid-19. Pour tout, nous vous disons bravo et merci.

Références

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Techninio teksto vertimo užrašymas kaip transkalba, skatinanti žodžio išverčiamumą ir produktosemiją

Said-Belarbi Djelloul
Tlemseno universitetas

Santrauka

Žinomiausi vertimo ir vertimo studijų specialistai vieningai pripažįsta, kad tarp techninio teksto vertimo akto, vertimo užrašymo ir žodžių reikšmės egzistuoja nepaneigimas ryšys. Vis dėlto dažnai aptarinėjamos problemos, kurių arabų teisinėje kalboje kelia kultūra ir ypač kai kurios realijos (neišverčiami terminai): tai ir vertimo raison d’être, ir jam kylančių sunkumų šaltinis. Sukonstruoti kokio nors žodžio reikšmę arba ją sukurti – jeigu jos nėra vertimo kalboje – nelengva, bet ar tikrai neįmanoma? Jei vis dėlto įmanoma, tuomet kaip išvengti kultūrinių kliūčių ir sunkumų, su kuriais susiduriama verčiant realijas apskritai visuose ir konkrečiai teisiniuose tekstuose? Atsakymas į šį klausimą iš dalies pateikiamas konkrečiame pasiūlyme taikyti strateginį metodą, apimantį keturis pagrindinius veiksnius, į kuriuos vertėjas privalo atsižvelgti kurdamas žodžio reikšmę. Straipsnis baigiamas pamąstymais apie minėtus veiksnius, kurie padėtų pamatus žodžio reikšmės kūrimo didaktikai.
Raktažodžiai: Techninio teksto vertimo užrašymas; vertimas; vertimo studijos; teisinės kalbos žodis; reikšmė

Soumis en Novembre 2020